'Mieux gérer des groupes de communication multidisciplinaires.'
Interview de Peter Pollet, vice-président du Comité Consultatif des Usagers
Le Comité Consultatif des Usagers (CCU) représente les intérêts des organisations utilisatrices du réseau ASTRID. Après avoir interviewé le président Luc Moons dans le Switch de juin, nous donnons à présent la parole au viceprésident du CCU, Peter Pollet, qui représente la Sécurité civile au sein du comité.
Parlez-nous d’une innovation significative récente dans les services d’ASTRID
Nous nous réjouissons d’avoir TETRAsim. Ce cours en ligne apprend à nos effectifs à utiliser leurs radios correctement. Les deux unités de la Protection civile s’y sont déjà attelées. Les pompiers suivront prochainement. La crise sanitaire a quelque peu retardé le processus parce que nous devions chercher dans chaque zone un responsable pour faire office de gestionnaire. Et nous devions d’abord former ces responsables à l’utilisation du programme. Mais cette étape est désormais franchie et tout le monde peut s’y mettre.
Pourquoi une telle formation était-elle nécessaire ?
Tout remonte aux attentats de Zaventem et de Bruxelles en 2016. À l’époque, on a fait le douloureux constat que les acteurs de terrain ne maîtrisaient pas suffisamment le fleetmap, qui décrit qui doit utiliser quels groupes de communication dans quelles circonstances. Ces groupes sont également décrits dans des circulaires publiées officiellement. Or, lors des attentats, il s’est avéré que de nombreux intervenants ont continué à travailler de manière monodisciplinaire comme ils ont l’habitude de le faire dans les missions de routine et ont sous-exploité les possibilités de collaboration multidisciplinaire. Cela tient peut-être au fait que nous n’avions pas connu d’événement de cette ampleur depuis la création d’ASTRID. Mais en fin de compte, il est important que les collaborateurs disposent des connaissances requises pour choisir le bon groupe ou le bon dossier, par exemple. Grâce à TETRAsim, nous pouvons mieux acquérir ce réflexe.
TETRAsim est un outil pratique ?
C’est un outil utile, mais certainement pas facile. En fait, le fabricant finlandais nous a remis une boîte vide que nous devons maintenant remplir sur mesure avec, à l’intérieur, notre fleetmap et la façon dont nous utilisons nos radios en Belgique. Cela, un fournisseur étranger ne peut pas le faire pour nous. Les collaborateurs doivent se connecter à un site web et reçoivent ensuite les explications nécessaires sur leur écran, comme dans une présentation PowerPoint. La force de TETRAsim réside dans le fait que sur certains slides, une radio s’affiche à l’écran. Il s’agit d’un modèle interactif et virtuel d’une véritable radio : on peut cliquer sur les touches et la radio réagit comme une vraie radio. Chaque type de radio nécessite donc un cours spécifique avec les modèles virtuels appropriés. Il arrive qu’un bug survienne et cause un blocage. Cela marche donc parfois moins efficacement que nous le souhaiterions. Mais c’est plutôt exceptionnel et nous tentons d’y apporter une solution de concert avec ASTRID dans les plus brefs délais.
Les groupes de communication du fleetmap seront-ils dès lors suffisamment connus de tous les utilisateurs ?
Au sein des services de secours et de sécurité, cela devrait suffire pour mieux utiliser les groupes de communication. Mais il ne faut pas oublier les utilisateurs de deuxième catégorie. Je pense, par exemple, aux agents de sécurité dans nos ports. Nous avons tout intérêt à ce qu’eux aussi se trouvent dans les bons groupes de communication en cas d’incident. J’ai récemment donné une présentation devant un public d’utilisateurs de deuxième catégorie. Bon nombre d’entre eux semblaient tout de même ne pas être au courant de la récente création de groupes de communication spécialement pour eux. Une communication plus claire à ce sujet est donc indispensable. La présentation était un premier pas dans la bonne direction ; je pense que des collaborations intéressantes suivront
Selon vous, quels défis majeurs attendent ASTRID à l’avenir ?
Le principal enjeu de l’avenir sera l’abandon progressif de la norme TETRA et le passage à la communication à large bande. C’est, à l’évidence, une nécessité pour l’ensemble des services de secours et de sécurité. Après tout, nous vivons dans une société numérique. Le transfert de toutes les données via un canal vocal n’est jamais aussi efficace que l’échange de données réelles. Pensez aux données de mesure, aux données de rapports, etc. La vidéo ne doit pas non plus être sous-estimée : il n’y a pas de meilleur moyen de donner une image claire de la situation sur place pour les personnes qui doivent apporter le soutien nécessaire à distance. Aujourd’hui, ASTRID répond à ce besoin en fournissant des cartes Blue Light Mobile qui permettent également l’échange de données. Ce n’est toutefois qu’une solution provisoire en attendant l’avènement de la technologie nécessaire pour une solution à large bande à part entière. C’est également la priorité du plan d’entreprise d’ASTRID pour les années à venir. Et nous souscrivons pleinement à cette vision. Il y a parfois des divergences d’opinion sur l’approche à adopter, mais nous savons maintenant qu’ASTRID ne laisse pas les choses en plan. Si quelque chose doit se produire, ASTRID fera ce qu’il faut. Nous envisageons l’avenir avec confiance.
