Sur le terrain
Service

Un moyen de défense ni vu ni connu contre les harceleurs

Stalkingsalarm ASTRID

Les victimes de harcèlement peuvent alerter la centrale d’urgence en appuyant simplement sur un bouton. La police reçoit ainsi leur position exacte et peut immédiatement intervenir. Que se cache-t-il derrière cette ingéniosité technique ?

Jan Zeinstra, chef de projet chez ASTRID, a développé l’alarme mobile harcèlement. Comment fonctionne-t-elle au juste ? « L’alarme harcèlement est un petit bouton discret qui est connecté par Bluetooth à l’appli 112 BE installée sur le smartphone de la victime. Dès lors que la victime appuie 3 secondes sur le bouton, un appel est lancé à la centrale d’urgence provinciale de la police fédérale avec toutes les informations nécessaires. On y retrouve ainsi le nom de la victime, sa localisation exacte et les données du harceleur. Nous avons apporté quelques modifications afin que les appels lancés via l’alarme harcèlement apparaissent plus clairement sur les écrans des centres de dispatching. L’opérateur voit d’un coup d’œil qu’il s’agit d’un cas de harcèlement et envoie directement une équipe d’intervention sur place. Nous transmettons par ailleurs un rapport quotidien aux accompagnants des victimes les informant s’il y a eu une alarme, si la batterie est encore chargée, etc. L’ASTRID Service Centre intervient comme interlocuteur permanent pour les accompagnants et les opérateurs des centres de dispatching. »

Fonctionnement de qualité
L’alarme harcèlement a été lancée en 2019 pour être testée dans le cadre d’un projet pilote avec dix victimes dans la zone de police de Gand. Jan Zeinstra : « Les avantages de cette alarme ont clairement été mis en avant lors de ce test. L’auteur ne remarque pas que la victime avertit la police, puisque le bouton peut se glisser discrètement sous les vêtements ou dans la poche d’une veste. La victime n’a même pas besoin de parler. Différents mécanismes ont également été mis en place pour maximiser les chances que l’appel émis par l’alarme harcèlement arrive au centre de dispatching provincial. »

Gestion facile via MyASTRID
« Pour l’instant, ce bouton n’est disponible que pour les smartphones Android et non pas pour les iPhones.  Malheureusement, l’appel automatique de l’appli 112 BE n’est pas pris en charge par le système d’exploitation iOS. Nous travaillons pleinement à résoudre ce problème. » Entre-temps, l’alarme harcèlement est déployée dans de plus en plus de zones de police belges. « Nous distribuons les appareils à la demande de la police fédérale. Les accompagnants des victimes peuvent paramétrer la connexion, suivre le statut et gérer l’ensemble des appareils via MyASTRID. »

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La police à portée de main 24 h sur 24

L’alarme mobile « harcèlement » offre aux victimes de harcèlement extrême une perspective d’espoir pour mettre fin à cette escalade de violence. Ce projet unique, qui suscite également l’intérêt d’autres pays, est le fruit d’une collaboration intense entre l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, les services de police, le parquet et ASTRID. Liesbet Stevens, directrice adjointe,

Marijke Weewauters, conseillère politique stratégique, et Zoë De Bauw, chargée de missions, ont pleinement soutenu ce projet au sein de l’Institut, car elles connaissent mieux que personne l’ampleur de cette problématique.

Zoë De Bauw : « Il s’agit le plus souvent de femmes harcelées par leur ex-partenaire. Mais les victimes de violences liées à l’honneur peuvent également demander à disposer de cette alarme. Les victimes de harcèlement sont terrorisées et isolées du monde extérieur. Cette mesure de protection leur donne à nouveau un petit bout de liberté, puisque grâce à ce bouton, elles ont la police à portée de main 24 h sur 24 et elles peuvent à nouveau sortir de chez elles en se sentant nettement plus en sécurité. »

Liesbet Stevens : « Les études montrent que les victimes ont l’impression que leur harceleur peut refaire surface partout et à tout moment. Elles y pensent jour et nuit. Cette alarme combat ce sentiment de sécurité subjective par le biais d’une sécurité objective : vous savez qu’une personne se tient immédiatement à votre disposition dès que vous appuyez sur le bouton. »

Les chiffres prouvent qu’une approche structurelle et efficace du problème est plus que socialement pertinente. La police enregistre chaque année plus de 20.000 plaintes pour des faits de harcèlement. Et il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg.

Zoë De Bauw : « Dans environ un tiers des cas, l’auteur est un ex-partenaire. On constate souvent que le harcèlement débouche sur de la violence physique avec, dans certains cas, une issue potentiellement fatale. Même si le groupe cible est limité, le comportement auquel la victime est exposée est très dangereux. Depuis son déploiement en 2021, l’alarme a pu aider plus de 100 victimes. »

La réponse à la question de savoir qui doit bénéficier de ce bouton mobile est liée à l’engagement qu’une société attend de ses services de police. Afin de ne pas surcharger le système, l’octroi de l’alarme harcèlement est basé sur des choix réalisés en toute connaissance de cause.

Centrum voor gelijke kansen

Liesbet Stevens : « On essaie d’objectiver l’intuition et de l’étayer scientifiquement afin de toujours réaliser une analyse la plus objective possible. »

Marijke Weewauters : « Nous avons pour ce faire établi une check-list basée sur la circulaire COL 15/2020. Cette évaluation des risques dans le cadre des violences conjugales (et donc aussi celles potentiellement fatales) s’est vue complétée d’une série de questions que nous avons établies sur la base d’un projet pilote. La check-list a ensuite été largement testée et s’avère très efficace. La police et le parquet disposent ainsi d’un outil pratique pour évaluer si la personne doit ou non recevoir l’alarme harcèlement. Il est très important, par exemple, de savoir combien de temps et d’énergie l’auteur consacre au harcèlement. La violence à l’encontre des animaux peut également indiquer qu’il faut agir d’urgence. Si nous cochons trop de cases , la police et le parquet interviennent immédiatement. »

L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, le cabinet du secrétaire d’État à l’Égalité des chances, la police, le parquet et ASTRID travaillent ensemble et d’arrache-pied pour déployer l’alarme mobile harcèlement sur l’ensemble du territoire belge. Le parquet et la police sont formés et le matériel est distribué. Grâce à une étude d’évaluation lancée dans les provinces pilotes de Flandre orientale et de Flandre occidentale, le dispositif est déjà testé et adapté si besoin. Les victimes bénéficient d’une meilleure sécurité objective, mais aussi subjective. Elles osent à nouveau sortir seules.

Marijke Weewauters : « Nous avons toujours veillé avec ASTRID et le CIC à proposer un système sans dysfonctionnement afin de pouvoir continuer à garantir la sécurité des victimes. Nous avons dès lors pris tout le temps nécessaire pour le tester, car il est essentiel dans ce projet de pouvoir offrir la garantie promise. »

Un problème ?
Vous êtes victime de harcèlement ? Parlez-en à un ami ou un proche. Répertoriez l’ensemble des faits par écrit dans un journal de bord et rendez-vous à la police. N’hésitez pas à demander à parler à un agent spécialisé en la matière.

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