Pourquoi le nouveau contrat de gestion est-il si important ?

« C’est une boutade, mais la technologie évolue à vitesse grand V », indique la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden, qui est venue le 31 août dernier pour présenter le nouveau contrat de gestion à la presse. « La vidéo en temps réel, l’intelligence artificielle et l’Internet des Objets ne feront que gagner en importance au cours de ces prochaines années dans le fonctionnement des services de secours et de sécurité. Les situations d’urgence requièrent souvent également une collaboration multidisciplinaire. Comme c’était le cas notamment pour les attaques terroristes de 2016 à Bruxelles ou encore lors des inondations qui ont touché la Wallonie en 2021. Une communication novatrice fonctionnant par le biais d’un réseau haut débit est dès lors indispensable pour garantir un fonctionnement optimal de nos services de secours et de sécurité à l’avenir. Seule une communication sûre et fiable permet de sauver des vies. Et en cas d’urgence, chaque seconde compte. Cette étape était donc tout simplement incontournable. Non seulement pour la sécurité des citoyens, mais aussi pour celle de nos héros qui risquent leur vie 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. »

Réseau 5G
Le contrat de gestion permet à ASTRID de commencer à développer un nouveau réseau radio 5G. Salvator Vella, directeur général d’ASTRID : « La communication TETRA, sur laquelle repose notre réseau actuel, a atteint ses limites. Le réseau haut débit innovatif que nous allons développer et mettre en place au cours de ces prochaines années sera capable d’envoyer de manière sûre et fiable de grandes quantités de données vers et entre les différents services de secours et de sécurité. Les communications vocales seront complétées d’images en direct prises par des drones et caméras. La situation pourra ainsi être évaluée de manière plus rapide et efficiente, ce qui permettra aux services de secours et de sécurité d’intervenir de manière encore plus efficace et ciblée. Les centrales d’urgence 101 et 112, qui sont au cœur de nos services de secours et de sécurité, bénéficieront d’une sérieuse mise à jour technologique avec une interface utilisateur personnalisable. Toute la communication s’en verra améliorée, de l’appel du citoyen aux échanges sur le terrain. »

Tendance internationale
La scène internationale se tourne également vers des applications haut débit. La ministre Verlinden : « Étant donné que notre pays se trouve au centre de l’Europe et que Bruxelles est la capitale européenne, il est essentiel que nos moyens de communication soient adaptés aux outils du reste de l’Europe. (…) Avec l’internationalisation de la criminalité, il est plus que nécessaire que les services de secours et de sécurité puissent communiquer et collaborer au-delà des frontières », ajoute Ingrid Moerman, présidente du Conseil d’administration d’ASTRID. « C’est parfaitement possible avec la 4G/5G. »

Solution hybride
Sécurité, fiabilité, solidité, continuité du service... Autant d’éléments dont il convient de tenir compte dans le cadre de la communication critique. Le nouveau réseau haut débit y veille-t-il ? Salvator Vella : « Bien sûr ! Il s’agit de notre priorité n°1. Concrètement, nous optons pour une solution hybride. Comme il est trop onéreux et de plus en plus difficile de construire des antennes et des relais distincts, le nouveau réseau utilisera l’infrastructure des opérateurs télécoms commerciaux ainsi que les relais existants d’ASTRID. Ceux-ci auront leurs propres antennes 4G/5G et des fréquences exclusivement réservées aux services de secours et de sécurité. Les antennes commerciales fourniront la technologie haut débit et l’infrastructure d’ASTRID veillera, quant à elle, à en renforcer la solidité et la disponibilité. Mais le cœur du réseau, le « cerveau » de contrôle, reste aux mains d’ASTRID, et donc des autorités. Nous visons le meilleur de deux mondes. »

Parcours participatif
Même s’il reste beaucoup de chemin à parcourir, une chose est sûre : ASTRID mettra tout en œuvre pour répondre aux besoins des utilisateurs. Daniel Haché, directeur des relations externes : « Les plans de la transformation technologique du réseau et des centrales d’urgence sont le résultat d’une concertation approfondie avec les utilisateurs de différentes disciplines. Nous continuerons de les impliquer étroitement dans les phases d’élaboration et de migration. Il s’agit d’un parcours participatif. » La ministre Verlinden : « Le gouvernement fédéral libère également un budget en ce sens afin d’organiser des formations et de permettre aux collaborateurs sur le terrain de maîtriser toutes les nouveautés. L’argent ne pousse pas sur les arbres pour ce qui est des budgets fédéraux. Nous avons donc travaillé d’arrache-pied pour trouver des solutions financièrement réalisables. Mais avec ce qui est actuellement sur la table, nous restons parmi les pionniers dans ce domaine en Europe. » Salvator Vella : « L’objectif consiste à ce que le nouveau réseau soit opérationnel à partir de 2027. Le réseau TETRA actuel restera toutefois actif jusque 2030 certainement, de façon à ce que chacun puisse migrer à son rythme. »