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Le fonctionnement de la zone de police Damme/Knokke-Heist

« 12 kilomètres de côtes »

SWITCH, ASTRID, Knokke-Heist, Politiezone

Pour la zone de police Damme/Knokke-Heist, la saison a été chargée. « L’été, Knokke-Heist se transforme en une petite métropole », affirment le chef de corps Steve Desmet et le premier inspecteur principal Bart Hungenaert. La communication multidisciplinaire via ASTRID est essentielle.

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Les mois d'été sont les plus chargés de l'année pour vous, n’est-ce pas ?
Steve Desmet : « En effet. Knokke-Heist compte quelque 35.000 habitants domiciliés et pratiquement autant de résidences secondaires. Mais les jours de grande affluence en été, ce sont 150.000 à 200.000 touristes qui débarquent. En une journée, la localité prend des allures de petite métropole. Avec tous les problèmes liés à un tel statut. »

Par exemple ?
« L’été, nous avons un public-cible de jeunes à très jeunes gens. Nous constatons que les appartements de location sont souvent occupés par des jeunes, souvent sans surveillance parentale. Et des jeunes libres comme l'air vont s’essayer à l’alcool et à la drogue. Nous avons régulièrement affaire à des mineurs de 12 ou 13 ans seulement qui, laissés sans surveillance, déambulent encore en rue à 3 h du matin. Nous avons quelquefois l’impression du faire du baby-sitting, » plaisantent-ils.

Knokke n’a pourtant pas, de prime abord, l'image d’une ville de fêtards…
Bart Hungenaert : « Si, quand même. La vie nocturne y a toujours été animée et les pôles environnants ont quelque peu modéré la leur. À Blankenberge et à Ostende, la vie nocturne s’est calmée. Juste au-delà de la frontière avec les Pays-Bas, vous avez plusieurs campings. Mais il se trouve que les Pays-Bas ont adopté entre-temps une politique très stricte en matière d’alcool. Knokke-Heist attire de plus en plus de jeunes qui veulent sortir – ce qui est une bonne chose, soyons clairs. Il serait dommage que nos jeunes ne puissent plus faire la fête qu’à Ibiza. »

La mobilité constitue aussi une préoccupation ?
Steve Desmet : « Nous constatons que beaucoup plus de gens utilisent les transports en commun dans les autres villes côtières. Pourtant, Knokke est le terminus tant du train que du tram. Mais celui-ci s'arrête à un kilomètre et demi de la plage. Beaucoup de gens prennent la voiture et à présent, avec l’arrivée de l’A11, Knokke-Heist est même rapidement accessible depuis le France. Le stationnement sauvage est un réel problème, tout comme le flux de trafic. Nous-mêmes investissons dans des alternatives comme les policiers à deux-roues (vélo, moto et scooter) afin de se faufiler rapidement dans la circulation. »

En dehors de la saison, les choses sont totalement différentes.
« C’est plus calme, en effet », acquiesce Bart Hungenaert, « mais ce n’est pas tellement différent. Auparavant, l’écart entre les saisons était nettement plus marqué. Aujourd’hui, les hauts et les bas sont répartis. L’administration communale investit massivement dans des événements hors saison. Le Zoute Grand Prix, prestigieux événement de voitures anciennes organisé en octobre, attire plus de 100.000 visiteurs. »

« Ce n’est pas pour autant que nos effectifs sont largement renforcés en été. Les autorités locales investissent énormément dans la sécurité : nous comptons deux cents collaborateurs. L’été, quelques membres de la police fédérale s’y ajoutent, pas plus. »

Quelle est votre opinion à propos du support d’ASTRID ?
Steve Desmet : « Il a énormément évolué. Il y a dix à quinze ans, la couverture était largement insuffisante en certains endroits comme le Zwin. Pourtant, nous avions réellement besoin de radios dans les combis comme relais. Je dois bien reconnaître que notre feed-back a reçu un large écho et, aujourd’hui, nous bénéficions partout d’une bonne couverture. À tel point même que nous envisageons de supprimer à terme les radios dans les véhicules. Les radios portables ont une bonne liaison. »

Bart Hungenaert : « Notre zone est limitrophe des Pays-Bas. C’est pourquoi nous disposons d'une quarantaine de radios qui ont un groupe de communication avec le réseau néerlandais C2000. Qu’il s’agisse de la police d’intervention ou de la police à moto, quiconque peut être impliqué dans une prise en chasse dispose d'une telle radio. Il faut dix minutes pour arriver ici de l’autre côté de la frontière et vingt minutes pour rallier Terneuzen. »

« Non pas que nous franchissions la frontière à tout bout de champ, mais quand cela arrive, c’est qu’il y a toujours urgence. Dans ce cas, une bonne communication est essentielle. C’est pourquoi nous utilisons le plus possible les touches de raccourci de sorte que la transition se déroule sans accroc. Pourtant, un basculement transparent d’un réseau à l’autre résoudrait beaucoup de choses. Nous sommes en tout cas prêts pour l'itinérance transfrontalière. »

Utilisez-vous souvent Blue Light Mobile ?
Steve Desmet : « Dans une moindre mesure. La radio reste notre principal instrument. Par contre, nous participons au projet anversois Focus et nous déployons Fleet Complete. Nous passerons certainement au numérique au cours des années à venir de manière à ce que nos collaborateurs puissent liquider pas mal de tâches sur le terrain. On remarque déjà que des zones de police expérimentent les bodycams et autres choses du genre. On n’est parfois pas loin de RoboCop. »

« Nous avons beaucoup investi dans les caméras CCTV et ANPR », ajoute Bart Hungenaert. « Non seulement elles nous sont utiles pour détecter des infractions, mais nous en utilisons également les images par la suite dans notre formation. Ce qui est très pratique mais accentue la pression sur nos dispatchers. Ils doivent traiter les appels entrants et envoyer les équipes tout en surveillant les caméras CCTV. Et personne n’ignore la difficulté du multitâche. Chapeau donc à eux ! Heureusement, des technologies qui faciliteront la vie des dispatchers arrivent sur le marché. »

Impossible de passer à côté : votre zone d’action se compose en grande partie de plages.
« Nous avons une bande côtière de 12 km de long, depuis le port de Zeebruges jusqu’à la frontière hollandaise, dont plus de la moitié est touristique. Seule la dernière portion, le Zwin, est une réserve naturelle. »

« Pour la police, cela signifie surtout beaucoup de travail avec des enfants égarés et des procédures en cas de risque de noyade qui doivent être coordonnées avec différents partenaires. Nos dispatchers ont une ligne directe avec les sauveteurs présents sur la plage. Nous avons aussi récemment ouvert un pavillon sur la plage où nous nous réunissons avec les sauveteurs et d’autres secours. »

Steve Desmet : « On ne le dirait pas, mais le nombre d'enfants qui s'égarent à la côte est impressionnant. Auparavant, la procédure « noyade » était toujours activée dans ce cas car, sur la plage, il y a évidemment toujours un risque que l'enfant ait marché en direction de l’eau. Mais c’est une procédure particulièrement lourde : la coordination se déroule immédiatement au niveau supralocal, des hélicoptères sont mobilisés, etc. C’est pourquoi, à présent, nous procédons tout d’abord à une évaluation réaliste du risque que l’enfant se trouve effectivement en danger de noyade. Bien souvent, ce n’est pas le cas et il ne faut donc pas engager cette lourde procédure. Évidemment, s’il y a un risque réel, la procédure est enclenchée. De toute façon, je n’ai pas souvenir que quelqu’un se soit noyé ici. Il y a bien un enfant qui, voici des années, s’était aventuré dans le chenal du Zwin, ce qui est extrêmement dangereux à marée montante. Mais tout s’était bien terminé. »

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Votre zone est aussi très étendue ?
« Et nous nous en vantons volontiers : en superficie, nous sommes la plus grande zone de police de la région côtière. Un rien plus grande que celle de Bruges. Lors de nos interventions, nous parcourons énormément de kilomètres. »

Et Bart Hungenaert d’ajouter : « C’est ce qui rend notre travail très varié. Vous avez le travail policier à Knokke-Heist même, où c’est toujours plus agité et où vous avez affaire à un public plutôt citadin. Et à côté de cela, vous avez la localité rurale de Damme avec une vaste communauté agricole. Cela se traduit aussi dans l’action de quartier. À Damme, les maisons sont, pour la grande majorité, occupées en permanence, contrairement à Knokke-Heist où il arrive qu’un cambriolage ne soit constaté que trois mois plus tard. Les inspecteurs de quartier doivent s’y prendre différemment pour nouer des contacts avec des gens qui n’y habitent que la moitié du temps. »

« Cette diversité est aussi très agréable », renchérit Steve Desmet. Knokke est connue pour être « the place to be » pour les marques de luxe de Londres et de Paris. On y croise des grands noms de l’aristocratie classique, des nouveaux riches, des membres de la maison royale, des politiciens en tous genres, mais aussi des agriculteurs et des ouvriers portuaires. Beaucoup de diversité et pourtant cette impression de vacances que vous avez automatiquement à la mer. En fait, je conseillerais aux jeunes collègues qui sortent de l'école de police d’accepter une affectation à la côte au moins quelques années. Peu importe la zone, mais la nôtre de préférence, évidemment i », sourit-il.

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